Thikem's Blog

Pour ne pas cesser d'écrire

L’humour du risque

le Mai 28, 2012

Pourquoi est-ce que je me sens plus à l’aise pour écrire des choses tristes que des textes amusants?

Je ne suis ni déprimé ni particulièrement malheureux, il me manque bien, comme chacun d’entre nous, toujours l’une ou l’autre chose qui, j’imagine, comblerait ma vie, mais je ne suis pas obnubilé par leur absence et cela ne me pousse pas au négativisme et au pessimisme.

Non, bien au contraire, j’aimerais pouvoir rédiger des parodies, des sketches ou des pamphlets bourrés d’humour, mais la plupart du temps, ils restent inaboutis car  j’ai l’impression qu’il ne s’y trouve rien de drôle. Je ne trouve pas matière à rire et, si j’y parviens, les gags me semblent antédiluviens, inopérants ou plats.

Peut-être n’est-ce qu’une peur de plus, celle de déplaire. Les gens se sentent plus proches de vous dans le malheur, il semble y avoir une sorte de compassion naturelle, une proximité de sentiments qui fait que nous retrouvons tous un peu de nous-mêmes dans les déboires des autres, et les mauvais souvenirs, nous aimons savoir que d’autres les ont endurés.

Par contre le bonheur, comme le rire, semble plus personnel, plus égoïste. Les joies, les fous rires, les délires, nous pouvons les connaître en public, avec des amis ou en famille, mais ce qui les déclenche reste si personnel, si tortueux parfois, si fragile aussi, que nous ne voulons pas (ou n’osons pas) révéler à d’autres cette source intense de bien-être.

A l’image de la révélation d’un secret, d’une énigme ou d’un dénouement, expliquer ce qui amuse et fait éclater de rire fera retomber le soufflé, et au mieux, on ne récoltera que des sourires polis, au pire, on se heurtera à des visages fermés ou grimaçant de dégoût. L’humour est si délicat à manipuler et, si tout le monde en est pourvu, beaucoup n’ont pas nécessairement le vôtre.

Oui, on peut plaisanter de tout mais pas avec n’importe qui: c’est là que le bât blesse, surtout lorsqu’en plus on fait usage de mauvais jeux de mots, de pétards mouillés et d’allusions au trente-sixième degré.

Je ne boude donc pas mon plaisir quand un humoriste trouve les mots justes (c’est rare, et je l’envie alors), et je déteste ces émissions aux rires pré-enregistrés qui sous-entendent que nous sommes incapables de déceler les feintes des scénaristes.

Je poursuis inlassablement ma quête du bon mot, et espère pouvoir un jour rédiger un acceptable texte d’humour plutôt que d’humeur.


2 responses to “L’humour du risque

  1. C’est une grande question que je me pose souvent également. J’écris depuis plusieurs années et la tristesse accompagne la plupart de mes écrits.
    Peut être est-ce un moyen de relâcher toute la tension que nous avons, et le besoin de dire, d’exprimer, qui souvent est mis à mal quand nous tentons des explications orales.
    Le rire, comme vous le dite, est plus improbable, moins saisissables, mais peut être ne nous rend -t-il pas si libre que ça. Le rire au fond, dit beaucoup mais cache également beaucoup. Tandis qu’une certaine tristesse, laisse couler la mélancolie, jusqu’à son extinction.
    Merci pour cet article

    • thikem dit :

      C’est vrai que l’on dit que le rire est le relâchement soudain d’une tension, mais cette tension, qu’on pense générée par le texte ou les paroles d’un autre, est créée parfois pour des raisons intérieures, personnelles, indépendantes du but recherché par l’auteur, et qu’on ne révèle pas nécessairement lors de sa libération dans le rire. Rire est une « activité » sociale qui ne tolère pas (ou peu) les refus ou les explications.

      Par contre, la tristesse, plus personnelle, est mieux acceptée quand elle révèle ses profondeurs, peut-être parce que la fragilité qu’elle indique nous rend plus accessible aux autres, éveillant des instincts maternels ou protecteurs.

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