Dernière étape : on fait le ménage ! La membrane externe est soumise à une pression accrue, prête à céder. Les soubresauts de l’infrastructure sont autant de signes de mauvaise augure. Je ne reçois déjà plus les signaux rassurants des récepteurs de proximité. Cette fois, mon heure est venue. Je m’y attendais depuis un certain temps, depuis la rupture de plusieurs connections latérales.
Le processus s’est précisé progressivement mais je ne peux identifier l’élément – clé de ma disgrâce. Tout cela me dépasse. Mon niveau de compétence est trop bas pour une tâche aussi complexe. Le Système Central est seul habilité à l’interprétation des données collectées. Moi, je ne suis qu’un petit rouage de cette organisation hiérarchisée. Depuis le début, j’archive consciencieusement les données passant par mon canal, insensible au contenu et au but.
Il y a peu, des périodes de calme de plus en plus longues se sont succédées, jusqu’au point de non-retour où le silence est devenu bruit de fond. L’absence prolongée de communication avec les autres ne me laisse donc aucun doute. Ma fonction est devenue inutile ou redondante. Je me sens oublié au milieu d’une unité de mémoire.
Aujourd’hui, la déconnection du réseau sera effective. Dans l’indifférence de la masse de mes congénères puisque des milliers d’entre nous meurent chaque jour. C’est ainsi depuis la nuit des temps. J’attends les effets tragiques de l’apoptose, avant que les nettoyeurs évacuent les restes épars de mon corps cellulaire. Le dernier neurone de l’amour vous salue bien.