Thikem's Blog

Pour ne pas cesser d'écrire

Mémoire sélective

Dernière étape : on fait le ménage ! La membrane externe est soumise à une pression accrue, prête à céder. Les soubresauts de l’infrastructure sont autant de signes de mauvaise augure. Je ne reçois déjà plus les signaux rassurants des récepteurs de proximité. Cette fois, mon heure est venue. Je m’y attendais depuis un certain temps, depuis la rupture de plusieurs connections latérales.

Le processus s’est précisé progressivement mais je ne peux identifier l’élément – clé de ma disgrâce. Tout cela me dépasse. Mon niveau de compétence est trop bas pour une tâche aussi complexe. Le Système Central est seul habilité à l’interprétation des données collectées. Moi, je ne suis qu’un petit rouage de cette organisation hiérarchisée. Depuis le début, j’archive consciencieusement les données passant par mon canal, insensible au contenu et au but.

Il y a peu, des périodes de calme de plus en plus longues se sont succédées, jusqu’au point de non-retour où le silence est devenu bruit de fond. L’absence prolongée de communication avec les autres ne me laisse donc aucun doute. Ma fonction est devenue inutile ou redondante. Je me sens oublié au milieu d’une unité de mémoire.

Aujourd’hui, la déconnection du réseau sera effective. Dans l’indifférence de la masse de mes congénères puisque des milliers d’entre nous meurent chaque jour. C’est ainsi depuis la nuit des temps. J’attends les effets tragiques de l’apoptose, avant que les nettoyeurs évacuent les restes épars de mon corps cellulaire. Le dernier neurone de l’amour vous salue bien.

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Acrostiche inversé

Madame fut sublime dans l’initiation de ce premier requiem, Adam !
Avale-le, ce fruit acide que Lucifer de la crainte lava,
Il persiste, mène le monde dans le sillage nauséabond de son honteux repli.
Tenu, et comment, par le démon, tu penses être celui qui sera Un et
Rêve, rêve simplement d’un autre monde de liberté. Mais c’est pour mieux crever !
Et on entend toujours, au bout de l’agonie, ce piège doucereux, la lame perfide d’une note :
Starac factice, Madame a dispensé les caresses de ce faux destin pour, strass aux mille carats,
Saper tendrement la morale de l’innocent, son amant imbécile, et te mener au trépas.
Ecarte-toi de notre route : nous briserions ce nez incapable de relever une évidente trace.

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Lechim s’enfuit

25 février

Lechim se prend la tête entre les mains, histoire de se donner une contenance, de faire croire qu’il est accablé, pour attendrir les bouffons qui pensent l’avoir maté, lui, le casseur des étangs noirs, le péteur de dentiers, le d’Artagnan du couteau suisse. Ces cons n’ont même pas pensé à le fouiller – ou alors ils n’ont pas osé de peur de s’en prendre une, le canif est toujours bien planqué dans sa chaussette.

Et puis, il n’a pas sa carte d’identité, bien malin s’ils arrivent à l’identifier quand il se sera taillé d’ici. Lechim n’a pas du tout l’intention d’attendre les keufs, il guette le bon moment pour brûler la politesse aux deux gorilles qui l’encadrent. Et l’occasion se présente assez vite, sous la forme d’une bimbo décolorée qui se trémousse le long du quai. L’espace d’une seconde, il voit l’ouverture et s’y précipite tête baissée, bousculant suffisamment les membres musclés pour se dégager et foncer vers une sortie, n’importe laquelle.

Lechim se voit déjà distancer les deux lourdauds à la course deux flics descendent les escaliers dans sa direction, le forçant à bifurquer sans transition. Changement de cap, va falloir sprinter jusqu’à l’autre bout de la station…

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Lechim est pris

Lechim rentre tard chez lui, il a un peu oublié l’heure dans le délire des petits délits des deux bâtards qu’il prenait pour des amis, de détournements d’attention en courses-poursuites, il pensait les avoir bien aidés et voilà qu’ils l’abandonnent dans la station de métro… après avoir tiré le signal d’alarme et s’être taillé de la rame immobilisée.

Lechim n’a pas eu la vivacité voulue et s’est fait agrafé par deux voyageurs mécontents, deux malabars qui lui serrent les bras comme dans des étaus et l’entraînent vers le poste de sécurité; il a beau se débattre, hurler son innocence, les menacer de toutes les représailles ou les traiter de vilains noms de volatiles, ils ne s’en laissent pas conter et le forcent à s’asseoir sur une banquette dépolie.

La police va te mettre en cage, sale petite racaille, t’avises pas de moufter sinon je t’en colle une qui fait tourner trois tours à ta sale gueule, restes tranquille et t’auras pas besoin de demander au dentiste de te restaurer le portrait, compris?

Lechim a compris qu’il n’est pas de taille, il attendra, advienne que pourra, il est déjà passé par là…

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Lechim s’ennuie

22 février

Lechim ne sait pas trop ce qu’il veut faire aujourd’hui. Ou demain. Ou un autre jour de sa vie. Il erre de rue en rue dans son quartier du bas de la ville, traînant sa carcasse de grand ado désarticulé le long du canal ou dans les caves de l’immeuble où il vit avec sa mère. Un circuit perpétuel qui ne mène à rien d’autre que l’ennui.

Alors, de temps en temps, pour se donner l’impression d’exister, il s’égare avec quelques copains, enfin la petite bande de bras cassés des étages voisins, dans de petites escapades adrénalinogènes, tantôt pour briser des vitres ou des briques dans un bâtiment désaffecté, tantôt pour dérober un smartphone ou un pack de bières dans une supérette de la commune voisine, il ne faut pas risquer de se faire repérer par quelqu’un qui connaît sa mère, ce bouffon serait capable de le dénoncer, et bonjour la prise de tête, les cris et les coups…

Quant à l’école, ça fait longtemps qu’il a décroché, rien à cirer de ces conneries et de ces connards, c’est pas le français et les maths qui vont lui permettre de se payer la caisse de ouf dont il rêve depuis qu’il est passé au salon de l’auto, il ne va pas bosser pour des clopinettes et arriver à la retraite en bavant encore sur une photo délavée. Le préfet de discipline, cet abruti qui comprend rien à ses colères pourtant justifiées – faut pas trop le chercher quand on parle mal de sa maman – l’a renvoyé pour deux jours, pour marquer le coup, qu’il a dit, et avant le renvoi définitif, pauvre tache, il en a rien à foutre!

Alors, quand deux de ses potes l’invitent à faire un petit tour en ville, il leur emboîte le pas sans hésiter.

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Musique celtique magique

22 février

Aaah, de la musique irlandaise, flûte, cornemuse, guitare et violon, de l’énergie et de la poésie guerrière, comme de lumière et de bière.

Il n’en fallait pas plus pour passer une soirée agréable et divertissante sur un coin de Jette.

Il manquait bien quelques bières de là-bas, peut-être cela aurait adouci les moeurs de certains excités du bocal, vite oubliés.

Mais rien ne pouvait gâcher ces moments de plaisir celtique.

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Et pour la suite…

Non, n’espérez pas un retour fracassant, l’impulsion du jalon est dépassée, il faudra faire avec, je passe à autre chose, ou je reste dans la ligne de mes précédentes errances.

Quoique, à bien y réfléchir, je me demande s’il ne serait pas enfin temps, raison de ce blog oblige, de me focaliser sur la littérature plutôt que la prose râleuse et critique.

Je n’ai plus trop envie d’être le va-t’en-guerre qui tourne en Don Quichotte, je voudrais être un modeste auteur qui tourne en dérision les travers de l’époque, de la civilisation et de l’Homme, avec une grande hache, ce qui n’est pas pratique comme stylo mais utile pour trancher dans le vif.

Il me faudra juste un léger réajustement de perspective…

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Et de mille!

20 février

C’est ma millième scribouille et je suis dans le gaz, incapable de surmonter cette fièvre qui transforme ma cervelle en étuvé amorphe.

Pourtant, j’aurais aimé écrire quelque chose de percutant, de quoi célébrer dignement ce cap important, mais je suis là devant le clavier et l’écran, les doigts en standby et les yeux brouillés, attendant vainement une inspiration réfugiée dans les tréfonds de l’inconscient en quarantaine.

Peut-être est-ce là un signe, le signe que, finalement, il n’y a pas vraiment grand-chose dont je puisse me féliciter. Toutes ces heures passées à me défouler sur les travers de mes contemporains n’ont qu’un intérêt limité, même si – et je les en remercie – certains lecteurs en ont parfois apprécié le contenu ou le style.

Ou alors, c’est la montée de température corporelle qui me donne le blues, qui me fait remettre en question les réponses qui m’obsédaient et m’obsèdent encore, comme une grande lassitude ou un sentiment d’impuissance.

Il faudrait que cesse ce tintamarre neuronal, peut-être dans l’oubli d’un sommeil régénérateur…

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La météo n’est pas qu’un mot

« Il n’y a plus de saisons! », vont encore claironner les adeptes des images fixes, des clichés figés où l’hiver est blanc et froid, l’automne gris et humide, le printemps plein de fraîcheur revigorante et l’été plombé par un soleil radieux.

Pourtant, surtout sous nos latitudes et particulièrement en Belgique, qui peut vraiment citer des années où les saisons étaient parfaitement calibrées comme sur des cartes postales d’un autre âge.

Alors oui, l’hiver est particulièrement doux en 2014! Oui, il y a un réchauffement climatique – n’en déplaisent à ceux qui raillaient cette certitude lorsque l’hiver était bien rude! Oui, cette saloperie de variabilité calorfico-humide favorise le développement de la grippe qui m’enflamme les articulations et la gorge.

Et bien, il faut faire avec, et il faudra de plus en plus faire avec, car ce n’est pas en mettant des noms sur les saisons que l’homme les a cantonnées à la définition qui lui convenait. Elles bougent, se prolongent ou se raccourcissent, se cachent ou se montrent avec ardeur, et n’en feront jamais qu’à leur tête.

Et tant pis pour ceux qui veulent coincer toutes choses dans des boîtes étroites et bien définies!

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Musée wallon de l’industrie

J’écoutais ce matin un quidam expliquer la baisse de fréquentation dans les musées wallons par une mauvaise gestion des thèmes propsés. Il fustigeait ainsi les investissements à perte dans des produits qui n’intéressent plus personne. Il recommandait de s’occuper plutôt des sujets d’actualité et de dépoussiérer les souvenirs désuets.

Bizarrement, ce discours me semblait s’appliquer à certaines industries moribondes wallonnes qu’on s’acharne à vouloir maintenir en vie au lieu d’investir dans les technologies d’avenir.

Mais bon, il est des sujets sensibles que les hommes politiques n’ont pas le courage d’aborder ni même d’effleurer par crainte d’y perdre de précieuses voix, quitte à faire plus de chômeurs qui ne pourront plus jamais revenir dans le circuit du travail.

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