Faisons un petit détour scientifique aujourd’hui.
Il n’y a pas grand-monde qui a entendu parler des rotifères bdelloïdes (et d’ailleurs j’imagine que la plupart de l’espèce humaine s’en fout), mais leur reproduction asexuée a un côté vachement intéressant.
Pauvres humains que nous sommes, nous ne pouvions concevoir qu’un être pluricellulaire puisse se passer de sexe pour se multiplier et évoquer l’idée qu’un tel organisme puisse exister avait un parfum de scandale. Et pourtant, depuis des millions d’années les rotifères le font sans problèmes.
Comme tout être vivant, l’écueil principal qu’ils doivent éviter est celui des mutations génétiques, c’est-à-dire qu’en l’absence du brassage des gènes qu’apporte la reproduction sexuée, il leur faut trouver un moyen de conserver intact leur patrimoine génétique à chaque génération . Pour ce faire, ils ont deux moyens: d’une part ils peuvent intégrer l’ADN d’autres organismes (bactéries, plantes, champignons) dans le leur et ainsi bénéficier d’un brassage de gènes nécessaire à la diversité, d’autre part ils copient leurs propres gènes à une fréquence plus élevée que celle des mutations. Et voilà comment ils ont pu survivre aux cours des millénaires malgré un « soi-disant » désavantage reproducteur.
Voici donc une espèce d’invertébrés qui nique le paradigme de la reproduction sexuée comme seule clef d’une évolution dans un monde à l’implacable sélection naturelle.
Quand on vous disait que la vie a plus d’un tour dans son sac…