Et on y va cette semaine dans la presse, haro sur la voiture de société : dix centres de recherche de quatre universités disent tout le mal qu’elle nous cause, ça barde en vue des élections.
Allons, soyons sérieux, la voiture de société n’est pas la cause des embouteillages, c’est ridicule. Les gens doivent de toute façon aller au boulot, personne ne prend la voiture pour le plaisir : la voiture de société n’empêche pas de prendre le train, c’est plutôt le manque d’alternatives acceptables.
C’est injuste pour ceux qui n’en n’ont pas ? Ben oui, comme n’importe quel type de salaire ! Mon voisin gagne plus que moi, il a une piscine, c’est injuste, oui…C’est d’ailleurs la seule définition des voitures de sociétés : du salaire.
Ce qui est vraiment injuste, ce n’est pas que votre voisin gagne plus que vous, c’est de recevoir une rémunération taxée différemment. Il ne faut pas forcément supprimer les voitures de société, mais les taxer équitablement, comme le reste des rémunérations. D’ailleurs, si le salaire était moins taxé, ce problème ne se poserait même pas car la voiture de société en deviendrait du coup bien moins intéressante.
N’en déplaise aux jaloux, dans une grande partie des cas, la voiture de société est une nécessité pour des gens qui travaillent avec des horaires d’une flexibilité que beaucoup de personnes n’accepteraient pas, allant travailler à des endroits divers et variés à travers tout le pays (si pas plus loin).
N’oublions pas non plus que ces voitures de société représentent un des parcs automobiles les plus sûrs d’Europe : assuré, entretenu, équipé de pneus été/hiver, et renouvelé régulièrement, avec les nouvelles technologies moins polluantes. Supprimez-les, et une grosse partie des conducteurs conserveraient leur véhicule plus longtemps, certains en rognant sur les dépenses entretien, voire assurance.
Alors oui, je suis consultant informatique, j’ai attendu d’être cinquantenaire pour disposer d’une voiture de société (petite cylindrée familiale) depuis une douzaine d’années, elle n’a modifié en rien ma façon de conduire (non, je ne la prends pas pour faire des trajets que je peux faire à pied ou en transport en commun), mais elle m’est indispensable car je dois me déplacer dans toute la Belgique (et au-delà) en fonction des clients de la petite PME qui m’emploie, clients qui sont souvent localisés dans des zonings industriels peu accessibles (sauf si on aime passer 3 heures aller dans les transports avec multiples changements).
Enfin, si l’entreprise devait me supprimer cet avantage, je lui coûterais plus cher en hausse de salaire et mes frais de déplacements seraient soit déduits par mon employeur s’il me les rembourse, soit déduit de ma feuille d’impôts.
Bref, il y a certains aspects qui sont difficilement chiffrables, mais je ne suis pas sûr qu’au bilan, la voiture de société coûte tellement à la Belgique, pas à hauteur des 2,3 milliards annoncés. On peut toujours avancer qu’il y a des bénéficiaires qui n’en ont pas besoin ou qui ont des gros 4X4 complètement inutiles en milieu urbain, ce n’est pas une raison pour pénaliser ceux pour qui elle est un outil de travail.
J’ajouterai que, personnellement, une voiture de société est une véritable bénédiction pour la tranquillité d’esprit : je ne dois pas faire le tour des concessionnaires, tous les frais sont pris en charge et, en cas de panne longue durée ou d’accident, une voiture de remplacement sera vite disponible.
Alors, flûte, tant que ce sera possible, je ne vais pas me priver de cet avantage nécessaire.