Lundi, c’était le premier beau jour, et on se réjouissait de commencer le printemps avec Salah sous les verrous. Mardi, l’hiver islamiste est violemment tombé sur Bruxelles, et les corbeaux se régalent sûrement des fissures infligées à notre civilisation.
Dans cette guerre contre un lâche ennemi caché parmi et par des congénères aveugles, complaisants ou complices, méfions nous des célébrations rapides autant que des réactions irréfléchies. Nous pensons tout savoir des événements en acceptant sans réflexion les informations qu’on daigne nous distribuer, et nous sautons aux conclusions hâtives, bâclées et grossières. C’est bien pratique pour s’indigner de toute sa bonne foi.
Hélas, depuis le temps que nous vivons avec les œillères de la civilisation dominatrice, le mal s’est profondément implanté dans quelques esprits rebelles, parfois intoxiqués par des idéologies haineuses, nos politiques étrangères en portent une part de responsabilités . Mais pour le combattre, rien ne sert de se complaire dans un mea culpa permissif ni dans une vengeance aussi brutale qu’irréfléchie.
Bien sûr faut-il se défendre et nettoyer nos villes, nos pays, de tout ce chienlit et de tout ce qui lui permet de croître, mais pas au prix d’un abandon de nos valeurs fondamentales. Et je parle ici des valeurs humanistes universelles, pas de celles que nous vendent les états et les multinationales pour justifier, sous couvert humanitaire, l’invasion d’autres pays dont ils veulent orienter la politique pour le bien-être financier des sociétés occidentales (et non de la société occidentale), et cela sans se préoccuper un instant du chaos meurtrier qu’ils vont provoquer.
Ne nous prenons pas pour les anges que nous ne sommes pas : la prospérité dont nous profitons depuis des décennies s’est bâtie sur l’exploitation et le malheur des autres (ces invisibles et lointains étrangers), et il ne faut pas s’étonner que les rancœurs et les frustrations générées là-bas par le passé aient engendrés les barbares qui sévissent ici et maintenant. Cependant, se sentir responsable ne veut pas, ne peut pas signifier courber la tête et accepter sans réagir les coups des rancuniers et des frustrés.
La meilleure attitude à prendre pour démontrer aux barbares que nous ne nous abaisserons pas à leur méprisable niveau, c’est de continuer à vivre normalement, même si c’est difficile, même si la peur peut nous nouer les tripes, même si ce ne sera plus jamais comme avant ces horribles attentats. Convainquons-les qu’aucun terrorisme ne réussira à influer quoi que ce soit dans nos vies !
Laissons notre deuil national faire son œuvre d’hommage aux victimes, puis repartons sur le bon chemin de l’éducation et de l’intégration des bonnes volontés qui s’installent en amis sur notre sol. Et que nos ennemis craignent notre détermination à les empêcher de nuire.