Thikem's Blog

Pour ne pas cesser d'écrire

Petits, tout petits

Nous ne sommes que de pauvres grains de sable dans l’immensité de l’univers mais heureusement nous sommes trop insignifiants pour gripper sa mécanique.

L’infini espace et ses myriades de mondes aura encore de beaux millénaires devant lui lorsque l’Humanité ne sera déjà plus que poussières recyclées.

Alors pourquoi tant d’entre nous se considèrent-ils plus importants que d’autres? Probablement parce qu’ils n’ont en perspective que leur propre petite personne.

Tant pis pour eux!

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Amour vole

Le jour où le train avait emmené sa dulcinée à l’autre bout du continent fut le pire de sa vie, on lui volait sa raison de vivre et ce « on » n’était autre qu’un acteur de cinéma minable, une belle gueule de second plan tout juste capable de paraître à l’écran et de balancer la réplique qui faisait mouche dans le coeur des femmes.Il était dégoûté, déçu.

Estelle, son Estelle, est tombée dans les pièges de l’apparence et de l’amalgame, elle se rendra bien vite compte de la profondeur du vide, celui du  personnage qu’elle suit idiotement, celui qu’elle laisse dans ma vie. Et elle reviendra, elle se blottira dans mes bras et me demandera pardon pour les souffrances que j’ai endurées pendant cette semaine… cette quinzaine… tout l’été … ce semestre…

Elle n’avait plus jamais donné de nouvelles, il avait suivi leur idylle dans la presse people, le spectacle de leur bonheur public brisa irrémédiablement en lui quelque chose d’important, il n’en avait pas encore conscience.

Il avait sombré dans une dépression grave, comme une épave abandonnée en pleine tempête par son capitaine, il passait de longues périodes catatoniques à de brefs éclats de violence, de séjours prolongés dans sa chambre à des échappées de plusieurs jours vers des destinations indéterminées, le temps n’avait plus cours, le monde n’était que le stupide décor de sa détresse, le stade d’auto-lacérations au couteau ne dura pas, il fût interné après avoir tenté d’éventrer sa mère au cours d’une énième dispute.

La clinique psychiatrique du Dr Martens était réputée pour ses méthodes intrusives – calmants sur-dosés, douches froides et entretiens déstabilisants – mais redoutablement efficaces sur les patients violents, son cas fût reconnu en bonne voie de stabilisation au cap des cent jours.

C’est là, confortablement enfoncé dans un vieux Chesterfield rouge, qu’il put se détendre à la lecture du drame qui secouait le monde du spectacle: après plusieurs semaines de recherches, les corps mutilés d’Estelle et de son amant avaient été retrouvés dans les douves d’un château gaumais, la police se perdait en conjectures sur le mobile de ces meurtres, elle n’arrêterait aucun suspect et l’enquête s’achèverait sur un constat d’échec.

Le crime parfait!, jubilait-il.

Quelques mois plus tard, le psychiatre lui donnait son bon de sortie, il avait repris ses esprits.

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Promesse perdue

Il se sentait frustré, abandonné, trahi par celle dont il attendait tant.

Les murs de la pièce étaient les témoins de son désarroi, il agitait les mains devant lui de manière erratique, caricature d’un mendiant aveugle que des gosses bousculeraient, comment accepter cette absurde réalité quand il avait tout fait pour que le processus se déroule aussi délicatement que possible.

Trop tôt, c’est trop tôt, répétait-il. Tu ne pouvais pas me laisser si vite. Tu me promettais tant de choses.

L’espace d’un instant, les gestes cessèrent, il parut réfléchir, soupira. Les épaules abaissées de résignation, il se rapprocha de la table, de la forme inanimée qu’aucun tissu ne voilait, il évita souplement la mare de sang qui s’étalait sur le sol dallé, l’incision abdominale ne semblait pas si terrible.

Pourquoi ne m’as-tu pas dit que tu étais si fragile?

Il maudit intérieurement la fille, le scalpel, le temps perdu, il fallait tout recommencer, en trouver une autre, plus robuste, et procéder autrement, peut-être en coupant moins profondément pour prolonger la souffrance.

Il émit un rire bref. Ces idiots de flics pourront toujours pondre des hypothèses débiles sur mon profil après ça, je leur souhaite bien du plaisir.

Où vais-je déposer le corps cette fois-ci?

 

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Visite médicale

Je souhaite vous revoir bientôt.

Les mots du médecin avaient pénétré GD d’une froideur chirurgicale. Une vasoconstriction réflexe avait vidé son visage de ses rougeurs naturelles. Et quoi? Les analyses étaient correctes, les radios ne montraient aucun signe pathologique, GD ne ressentait aucune gêne ni douleur particulière, il devait donc y avoir quelque chose de grave, qu’on lui cachait, et qui exigeait de consulter sans trop tarder.

Comme à l’habitude, GD se sentait entre deux chaises. Toujours ce tiraillement entre la bienheureuse ignorance et la redoutable connaissance. Le praticien griffonnait quelque chose d’illisible sur une prescription, GD cherchait dans la contemplation du bureau surchargé l’amorce d’une décision.

Pas de stress, c’est recommandé par le protocole. La semaine prochaine, même jour, même heure!?

GD émergea, c’était plus une affirmation qu’une proposition, il bafouilla à regret un accord, se leva en hésitant, voulut se rasseoir mais renonça en voyant le médecin ranger le dossier dans l’armoire métallique derrière lui.

Le protocole…? Bah, ça ne doit pas être bien grave, sinon…, se rassura-t-il. Je verrai bien dans huit jours.

GD avait cette épatante capacité de pouvoir fourrer les souvenirs et les à-venir à l’arrière-plan mémoriel et ainsi mieux vivre l’instant présent.

En sortant du cabinet, son esprit était déjà passé à autre chose.

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La ferme!

Est-ce que certains n’auraient pas avantage à la fermer au lieu d’en rajouter une couche dans la presse?

Entendre DSK affirmer qu’il ne savait pas être mis en présence de prostituées est du plus haut ridicule. Ou bien il ment effrontément, ou bien il est vraiment naïf, aveuglé par la confiance en son charisme (!?) naturel: dans les deux cas, il vaut mieux qu’il quitte la scène politique, et même la scène tout court.

Entendre que la famille de Mohamed Merah a décidé d’attaquer l’état français pour avoir tué son fils est tout simplement émétique. Elle aurait sans doute préféré que ce psychopathe ait un procès bien médiatique pour qu’on en rajoute à la douleur des parents et familles de ceux qu’il a lâchement assassiné. Bel indice sur l’origine du mépris de la vie humaine qu’à manifesté ce lamentable individu.

Entendre l’état d’Israël convoquer les ambassadeurs des pays qui ont voté pour une enquête sur l’installation de logements dans les territoires occupés n’est qu’une pierre de plus à l’édifice de l’égoïsme identitaire. Que Israël arrête de jouer les vierges effarouchées à chaque fois qu’on veut égratigner son image de légitimité: il a des torts qu’il ferait bien de reconnaître au lieu de tout mettre sur le dos des autres.

Nous nous devons d’écouter ces tristes sires, pour ne pas leur laisser l’opportunité de faire ce que bon leur semble et continuer comme si de rien n’était.

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Départ forcé

GD se rappelait avec tristesse le jour où il avait choisi de mettre ses gants au vestiaire.

Choisir n’était pas le terme approprié, le désir de combattre était toujours vif, l’âge, la concurrence de boxeurs super-entraînés et les douleurs dorsales persistantes avaient emportés la décision vers une sortie peu glorieuse. Il savait que c’était définitif, terriblement définitif.

Avoir dû abandonner le ring sur une série de trois défaites, dont deux aux points, lui laissait un goût bien amer dans la bouche. Et le réconfort, tout relatif, de managers approbateurs et d’amis soulagés ne lui avaient mis aucun baume sur le coeur. Les trois-quarts de sa vie passée prenaient fin et il n’avait aucune perspective sur le reste à venir.

GD se sentait comme le mec de la série télévisée, un simple numéro dans un univers inconnu dont il ne voit que les limites.

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Bravo les panthères

Une première fois deviendra peut-être coutume, saluons l’exploit des hockeyeuses belges qui ont réussi à se qualifier pour les jeux olympiques de Londres, devenant ainsi la première équipe belge féminine à participer à cet important tournoi mondial.

Congratulations Ladies!

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Fichus objets

24 mars

Les choses ont-elles une vie propre? Quand un objet que vous laisser tomber se glisse dans l’endroit le plus éloigné et le moins accessible d’une pièce, doit-on imaginer qu’il l’a fait exprès, juste pour nous embêter et nous faire perdre du temps? Et lorsque  nous ne retrouvons plus les choses où nous somme persuadés de les avoir laissées, peut-on penser qu’elles sont animées de mauvaises intentions pour nous faire perdre la boule?

Non, bien sûr! Les objets inanimés le restent tant qu’aucune impulsion ou attraction ne les déplace. On  oublie très vite les événements qui perturbent à peine notre course quotidienne, on se focalise surtout sur celles qui nous font ch… et on invective volontiers ce qui nous échappe des mains pour lui attribuer toutes sortes de défauts volontaires, y compris celui de ne pas nous obéir ou même de nous pourrir la vie.

Mais je ne me laisserai pas embrouiller, seul le maladroit verse l’eau trop vite et accuse le verre d’être lisse.

 

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Triste fin

C’était en hiver, le ciel était bleu intense, il ne neigerait pas, on aurait presque pu s’habiller léger s’il n’y avait ce petit vent du Nord qui s’infiltrait partout et accentuait la sensation d’un froid polaire.

J’avais tranquillement dévalé les escaliers de l’immeuble, j’avais largement le temps de sortir la voiture du garage. Je me lançais sur l’allée carrelée lorsque je ressentis une bizarre impression de sol fuyant sous mon pied… avec une sorte de crépitement clair.

En me retournant, je vis un pigeon ramassé sur lui-même, blotti sous une marche, pauvre boule grise cherchant à se protéger du gel. Je ne l’avais pas vu, je regardais loin devant moi, sans quoi je ne l’aurais pas écrasé.

Il n’était pas mort, mais j’apercevais sous lui une masse rougeâtre et blanchâtre, sa paroi abdominale avait dû éclaté sous mon poids. Il devait sans doute être malade pour s’être réfugié à cet endroit, il n’aurait sans doute pas survécu longtemps en ce mois de décembre, mais, là, je venais de l’achever.

Je me sentais bizarre, tiraillé entre la culpabilité et l’impuissance. Bêtement, je me suis excusé, je l’ai saisi délicatement – il n’a pas bougé, son corps était chaud dans ma paume, et je l’ai déposé sous une haie, pour que nul autre ne puisse encore martyriser son corps.

Bonne route vers le paradis des pigeons, ai-je murmuré. Puis je suis parti vers mes obligations quotidiennes.

Le souvenir de cet accident me revient parfois, quand  j’oublie que la vie est fragile.

 

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Chute féline

Il s’appelait Scoubidou, ce gentil chat noir qui me tenait compagnie lors de mes sessions d’examen. Toujours lové sur mes genoux, indifférent à mes répétitions à haute voix, il prenait place pour de longues périodes et se contentait d’une caresse de temps à autre pour profiter de mon immobilité.

Bien sûr, il avait d’autres occupations, comme l’observation des oiseaux et la visite des terrasses voisines. Je n’avais pas l’exclusivité de ses journées, il était somme toute assez libre mais ne refusait pas les caresses ou la chaleur humaine.

Et puis un jour, il y a eu le de trop, on ne saura jamais exactement ce qu’il s’est passé, il a dû rater le passage vers la terrasse voisine, des griffes mal assurées, une distraction fatale, voire un voisin mal intentionné. Il est tombé dans l’allée des garages, une chute de six étages. Cela ne l’a pas tué sur le coup mais la personne qui l’a ramassé et conduit chez le vétérinaire nous a appris que dans sa chute sa mâchoire inférieure avait traversé son palais et endommagé le cerveau. Il avait fallu l’abattre.

Sacré Scoubidou! Après nous avoir fait révisé notre opinion sur l’indifférence des chats, voilà que tu faisais tombé un mythe sur leur capacité à survivre à une chute! Et je ne parle pas des sept vies que tu as consommé en une fois…

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