Thikem's Blog

Pour ne pas cesser d'écrire

Première journée au bistrot: sur la balle

Comme le bar n’est pas très large, cinq supporters s’y accoudent et le reste se répartit autour de quelques tables. Le patron est déjà derrière les pompes, attendant la commande qui ne tarde pas à venir.

  • Mettez-nous déjà vingt-cinq pintes, histoire de nous humecter les lèvres…
  • Qu’est-ce qui vous amène ici ? demande le patron tandis qu’il remplit les verres à l’affilée.
  • Une panne de moteur ! Le car nous a lâché à deux pâtés de maison d’ici…
  • J’avais bien compris, mais il n’y a aucun club de foot par ici, et l’autoroute est à dix kilomètres…
  • Ah çà ? C’est une autre histoire. Une bien bonne !
  • Super, vous allez pouvoir me la raconter. Vous avez bien le temps, pas vrai ?
  • Ouais, ouais, c’est sûr, fait le costaud d’un air bougon. Puis, relevant sa casquette, il éclate d’un rire tonitruant que les quatre autres imitent aussitôt.

Le tenancier s’est juste contenté d’un large sourire. Il dispose avec soin cinq bières devant les cinq assoiffés, et le reste dans deux plateaux argentés qui, aux coups et griffes qu’ils portent, donnent l’impression d’avoir fait plus que leur temps. Un coup d’œil à Dambal intime à celui-ci de venir les prendre.

  • Et fais gaffe, petit, lance l’un des accoudés. Faut pas gâcher la merchandise…

Dambal, un sourire crispé sur les lèvres, soulève le premier plateau avec autant de précaution qu’un mec qui transporte le service en cristal de sa belle-mère, le buste penché, les mains tenant fermement les bords du cercle métallique.

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Première journée au bistrot: la soirée sera longue

26 février

Pour surmonter le brouhaha des conversations d’une vingtaine de personnes, le premier arrivant, un grand costaud avec une casquette vissée sur le crâne, élève la voix tout en levant le bras pour exiger un peu de calme de sa troupe.

  • Patron, mets les fûts en perce, on va passer pas mal de temps ici et on a soif…

Sur ce, il se tourne vers le groupe toujours agglutiné à l’entrée, essayant de compter les supporters qui se pressent. N’y arrivant pas, il apostrophe un gars trapu est à l’autre bout :

  • Tout le monde est là ?
  • Non, Georges et Lucas sont restés près du chauffeur, pour lui donner un coup de main. Et je crois que Martin et Olivier essaient de trouver des cigarettes…
  • OK ! Essaies de contacter Isabelle pour lui dire ce qui se passe. Peut-être qu’elle sera encore au club et pourra nous envoyer une camionnette pour récupérer tout le monde. Moi, je vais caser les gars dans le fond, les deux tables par là.
  • Ca marche…

Le leader s’avance en direction du bar, sans prêter attention à Dambal qui ne sait trop comment réagir, à la fois amusé par cette troupe bariolée et animée, à la fois craintif, il ne fait pas le poids à côté de tous ces balaises excités.

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Voisinage incertain 3

La nuit dernière, il y avait pleine lune et je la voyais caresser les herbes fraîchement coupées.

J’étais un peu gêné de son audace mais, après tout, il ne faisait rien de mal. Ce n’était pas l’avis de mon voisin, qui s’offusquait de ce sans-gêne. Le tronc de votre arbre dérange ma pelouse me dit-il.

Je me suis planté les mains sur les hanches : vous n’allez pas prétendre que ce mince poteau affecte vos roseaux. Mon arbre, même s’il est grand, n’est pas si tronc qu’il n’y paraît.

Si vous ne le tronçonnez pas, il y aura litige, me lança-t-il, la sève lui montant au nez. Les racines de ma vigne perdent pied. En plus, à le voir si haut, j’en ai le vertige et je me sens mal à l’aise.

Il me faisait peur avec ses menaces, la discussion aurait été plus sympathique autour d’un litron.

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Aphorisme

Juste une petite idée qui m’est passée par la tête au moment où je pensais à tous ces jeunes musulmans qui partent tambour battant rejoindre l’Etat Islamique, dans l’espoir de donner un sens à leur vie, ou plus certainement à leur mort.

Et dont certains se rendent compte qu’e leur place n’est pas là, qu’il y a une différence entre prêche et réalité, que les promesses de l’au-delà ne tiennent pas longtemps dans le sifflement des balles, qu’on ne trouve pas d’office la paix intérieure entre les pages d’un livre..

En son temps, Nietzsche, ce grand pourfendeur de la religion chrétienne, a qualifié celle-ci de religion des perdants.

Quand on voit le nombre de jeunes déboussolés qui se revendiquent de l’Islam, on peut se dire qu’elle est alors la religion des perdus, dans tous les sens du terme.

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E viva italia

Reconnaissons que les italiens ont le sens de l’humour lorsqu’ils s’agit de répondre aux menaces de l’Etat Islamique. Donnez des conseils aux djihadistes pour ne pas risquer de foirer leurs attentats est une bonne manière de leur montrer que ces sinistres personnages ne font et ne feront pas peur aux hommes de bonne volonté.

L’humour est la meilleure manière de se libérer d’une tension et on peut dire que l’EI essaie de la mettre sur toute l’Europe et, comme de toute façon, que des mesures soient prises ou pas, que des niveaux d’alerte soient augmentés ou pas, que des militaires parcourent les rues ou pas, des individus bien organisés trouveront toujours une faille par où se glisser comme de vils serpents et mordre des victimes innocentes.

L’humour sera un bon anti-venin, surtout contre ceux qui ne sont pas trop justes dans leur tête.

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Le cordistop

22 février

Après les deux jours de fièvre, la prise d’antibiotiques, la fête d’anniversaire, le bar à cocktails et le retour aux petites heures, il arrive que les limites physiques soient atteintes. A ce moment, on n’a plus la force de faire grand-chose car on a atteint le cordistop.

Aujourd’hui, c’est le cas !

Et quand le cordistop, il y a souvent l’espricale…

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L’autruche, elle, ne se cache pas la tête dans le sable

Echec du multiculturalisme et déni du réel, voilà les conclusions que tire le monde extérieur des récents attentats commis au nom de l’Islam. Comme le fait par exemple Mathieu Bock-Côté dans le Figaro du 17/02/2015.

Plutôt qu’affronter la réalité, on préfère fuir le débat en criant à l’amalgame, à la discrimination, à l’islamophobie, ceci afin de garantir la création hypothétique d’une société multiculturelle où les différences cohabiteront harmonieusement. Et pour que cela soit possible, il faut que la culture occidentale, jugée trop oppressive, s’efface devant les exigences, plus légitimes que les siennes, d’existence des autres cultures dans l’espace européen.

Mais les cultures ont du mal à coexister lorsqu’elles sont fort différentes, à fortiori lorsqu’elle viennent de civilisations opposées. Il n’est que normal qu’elles veuillent prendre de la place, notamment par l’entremise de rapports de force.

Hélas, les peuples européens semblent manifestement incapables de faire preuve de force, tellement ils ont mutilé eux-mêmes leur propre identité au point de ne plus savoir quelles sont les valeurs qu’il faut défendre becs et ongles contre la dissolution dans le brouet multiculturel.

L’Europe culturelle ne pourra survivre qu’en affirmant son identité et en exigeant que ceux qu’elle abrite adhère entièrement à ses principes moraux inamovibles, ou s’en aillent.

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Trop d’excuses a tué l’excuse

J’ai un peu de mal à comprendre le raisonnement de certains, voire la réaction spontanée épidermique d’autres, face au problème d’indisponibilité sur le marché de l’emploi.

Toute famille, qu’elle soit celle d’un travailleur ou d’un chômeur, peut un jour ou l’autre être confrontée à la nécessité de s’occuper d’un parent ou enfant gravement malade.

L’employé peut se payer un garde-malade (s’il en a les moyens), recourir au crédit-temps ou prendre un congé limité, avec le risque de se faire virer si cela dure trop longtemps.

L’indépendant devra choisir entre payer le garde-malade et ne plus avoir de rentrées d’argent (sauf s’il a prévu une bonne assurance revenus garantis), sachant qu’il risque surtout de perdre ses clients si son absence se prolonge.

Et ces travailleurs, bien intégrés dans la vie sociale, disposent en outre d’un réseau de connaissances, amis et parents qui peuvent momentanément les suppléer lorsqu’ils ne peuvent se soustraire à une obligation professionnelle.

Le chômeur, déjà précarisé, ne peut se payer un auxiliaire de soins et, aujourd’hui, risque de perdre ses droits au chômage s’il refuse un entretien d’embauche sous le prétexte de s’occuper d’un malade.

De plus, ostracisé par notre société, il se retrouve complètement isolé, abandonné, banni, au point qu’il n’y a personne qui puisse ou veuille le relayer dans sa tâche, ne fut-ce qu’une heure, pour lui permettre de consacrer son temps aux nombreux rendez-vous quotidiens qui lui offrent une opportunité d’approcher le Saint-Graal de l’emploi tant recherché. Mais dans quelle société vivons-nous ?

Bon, je caricature un max, parce que, comme d’habitude, les excès des tricheurs retombent sur le dos de ceux qui ne peuvent, de bonne foi, éviter des obligations pénibles. Si, au lieu d’un laxisme contreproductif, les précédents gouvernements avaient mis en œuvre les moyens de déjouer les fraudeurs, l’équipe actuelle pourrait avoir une attitude plus sociale, plus humaine.

Mais le temps pour faire des économies est compté, alors on y va à gros coups de faux…

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Et pis: démis au logis

C’est l’effondrement

On ne peut résister à pareille attaque

Mes défenses se sont brisées d’un coup

Apathique pendant plus d’une journée

Transi de fièvre et fort patraque

Et me voilà figé dans mon lit doux

Un microbe m’a pris en grippe

Xénovirion mal embouché

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Premier jour au bistrot: ça se corse

Dambal n’entendait pas vraiment les motivations profondes derrière ces requêtes inhabituelles, il gérait les choses au mieux, cherchant toujours la satisfaction du requérant, jusqu’à se plier en quatre pour ne pas devoir affronter un mécontent ou un désobligeant. Il n’en suait pas à grosses gouttes, mais on voyait bien qu’il dépensait pas mal d’énergie dans ces affaires et de toute évidence, il verrait arriver avec soulagement la fin de sa première journée de travail.

Le jeune homme venait de nettoyer pour la quatrième fois la table d’une personne particulièrement maladroite, probablement à cause des tremblements incontrôlables qui agitaient sa main droite lorsqu’une joyeuse bande de fêtards fit une entrée tonitruante dans l’établissement jusque-là fort calme. Trois individus en particulier chantaient à tue-tête une chanson dont on distinguait vaguement des paroles de victoire, des supporters de foot sans doute.

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