Thikem's Blog

Pour ne pas cesser d'écrire

Poésie perdue

Dans un silence de brume

A faire s’éloigner la lune

Tous mes sentiments s’agitent

En bousculant l’orbite

A faire bailler la lune

Que mes mots importunent

Les pensées se bousculent

En une samba ridicule

Regardez les enfants sages

Ont mangé tout leur potage

Les toutous s’en vont à la niche

Tout est calme, personne ne triche

Fragrance de mon infortune

Une douce saveur d’agrumes

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Amants fleuves

29 mai

Le mariage est comme un fleuve

Né de deux sources d’amour solidaires

Il se nourrit de petites rivières

Complicité et support à toute épreuve

Chaque goutte a son importance

Sœurs pour l’harmonie de l’ensemble

Le fleuve unit et rassemble

 

Mais le rêveur peut s’emballer

Devenir disputeur

Devenir destructeur

Ses flots en seront gonflés

S’il n’est pas respect mutuel

S’il devient témoin du cruel

 

Vous êtes les deux berges de ce fleuve

Les intempéries sont scélérates

Le débit soudain vous écarte

Pour être solides, n’attendez pas qu’il pleuve

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Début littéméraire

Le gardien terminait chaque jour sa ronde en contrôlant les laboratoires, gratifiant Carlson d’un ironique ‘Bonsoir, Professeur. Vous restez tard, ce soir ?’. Cette fois, le chercheur s’était contenté de hausser les épaules et avait grommelé un inaudible salut. Il l’avait encore entendu lui rappeler d’utiliser sa carte pour sortir du bâtiment. L’autre refermait toujours la porte sans attendre de réponse à ses remarques.

Le biochimiste refermait la fiole de réactifs lorsque le son déchira le calme de l’étage. Un sifflement sourd, comme un récipient qui se dégonfle très lentement. Il suspendit un moment son geste, les oreilles aux aguets. La plainte des réfrigérateurs fatigués, un bruit de fond qu’il n’entendait plus que distraitement, l’isolait du silence de la nuit. Un autre bruit, d’abord léger puis gagnant en netteté, se substitua au premier. Comme un corps lourd que l’on traîne sur le sol. Dans le fond du laboratoire, le compresseur d’un freezer cliqueta, intermède familier et rassurant.

Carlson sursauta : dans la pièce voisine, le cri perçant d’une table qu’on déplace sans soulever. Sur la table de travail, le scalpel de dissection attira son regard. Il s’en saisit d’une main tremblante. Sans savoir qu’il tenait là l’instrument de sa mort.

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Compost de croissance

Si j’étais une chanson, je serais un air « entraînant », plutôt rapide, menée par une batterie discrète soutenant un rythme syncopé, avec de nombreux changements de tempo pour avoir de la variété.

Un synthétiseur dégagerait un background planant, des notes discrètes et sensibles qui porteraient les paroles et le refrain ; il y aurait bien sûr aussi une guitare électrique, une basse et un piano rythmique.

La chanson commencerait doucement, pour monter progressivement en puissance, en mode éthéré, jusqu’à un intro calme qui présenterait déjà le refrain. La batterie débarquerait par surprise, pour mettre le rythme. Viendraient ensuite la basse et la guitare pour obtenir un climax sonique de tous les instruments. Ce climax serait brutalement interrompu pour faire place à un moment calme permettant la venue des premières paroles entonnées calmement, doucement. A ce moment, seuls le synthétiseur et la batterie seraient en évidence. Quand reviendrait le refrain, les instruments reprennent leur chorus puissant pour soutenir le chant dont les paroles seront scandées.

Il y aurait bien sûr un pont au milieu du morceau, avec un solo déchirant de guitare pour rompre avec la monotonie de la mélodie, quelques minutes de déchaînement chromatique.

Le solo serait à son tour interrompu par le calme couple synthé / batterie, pour le dernier couplet. Le final serait plein d’entrain, puissamment joué pour finir sur une note forte qui s’estomperait peu à peu pour laisser comme un goût de « bis » dans l’oreille.

Cette chanson, je l’appellerais selon l’un ou l’autre dieu de l’Antiquité, elle parlerait de la vie que l’on doit sans cesse développer si on ne veut pas végéter et mourir sur place, faute d’avoir voulu bouger ses racines.

Et, immobiliste par nature, je me la dédierais.

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Sans destin fiable

C’était l’automne et il faisait déjà particulièrement froid. La jeune femme errait dans des rues sombres à la recherche d’un abri pour la nuit. Elle serrait fermement contre sa poitrine l’enfant endormi dans sa couverture élimée.

Elle avait dû être jolie mais les épreuves avaient creusé son visage et dégradé la carnation de sa peau ; l’état lamentable de ses cheveux collés sur la tête, la crasse qui ponctuait sa tenue de tâches peu ragoûtantes, n laissaient plus rien entrevoir de sa séduction passée.

Les gens restaient au mieux indifférents à son passage, au pire s’écartaient de cette image désagréable. Si quelquefois l’un d’eux acceptait de garnir d’une pièce la main qu’elle tendait timidement, la plupart maudissait cette engeance qui osait déranger leur journée parfaite, si pleine de choses plus importantes à accomplir.

De temps à autre, elle avait assez pour s’acheter la nourriture du bébé, rarement de quoi se remplir son estomac. Chassée de partout, fuyant les centres d’accueil par crainte de se voir enlever son enfant, non désiré mais qu’elle aimait plus que sa propre vie, le jeune femme ne pensait plus qu’à l’instant présent, celui où il fallait surmonter les souffrances, les doutes, les humiliations pour continuer, pour trouver le moyen de se battre un jour de plus.

Question d’éducation, de morale judéo-chrétienne, d’instinct de survie, elle ne savait pas trop, ne s’en préoccupait pas, l’objectif était de ne pas sombrer dans le désespoir, de ne pas se laisser glisser au fond du trou.

La nature n’a pas ces considérations humaines, elle ne décide pas de ce qui est bien ou injuste, de qui doit survivre ou disparaître. Quand les êtres ne font plus preuve de solidarité, quand les communautés se délitent sous les coups de boutoir de l’égoïsme et du repli sur soi, les plus faibles sont laissés en pâture aux charognards.

Bien avant que Noël soit fêté dans les pays civilisés, on les retrouva dans la cave d’une maison destinée à la démolition. L’enfant s’était endormi, l’épuisement et les privations avaient fait baisser la garde de sa mère, le froid les avait soudés l’un à l’autre dans la mort.

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Rencontre insolite 2

Ce qui étonnait l’esprit à la vue de cette ruine, c’était l’impression de solitude qui s’en échappait, sur cette vallée artificielle. La ville était pourtant toute proche mais la seule voie de communication était un sentier inachevé traversant un long pâturage en friche de sorte que l’œil ne pouvait s’accrocher qu’à une monotonie quelle que soit la direction suivie. Le champ n’avait d’ailleurs rien à envier au jardin question entretien, la chienlit l’envahissait à son tour de sorte que la construction s’y dressait tel un monolithe oublié.

Aucune autre construction n’était visible à la ronde, la région était connue pour ses nombreuses ondulations topographiques. Pas de doute, l’habitation avait du être entreprise par un ermite.

Malgré l’isolement des lieux, Robert Rawson n’avait eu aucun problème pour la dénicher, les renseignements fournis étaient suffisamment précis. A sa première arrivée, il avait presqu’une demi-journée d’avance, ce qui lui permit d’inspecter tranquillement les alentours, sans rien découvrir d’anormal. Tiraillé par la faim, il était reparti pour dîner dans une auberge qu’il avait repérée sur la route nationale, en bordure de la ville. Le repas terminé, il avait refait le chemin cahoteux et n’avait plus qu’un quart d’heure à attendre avant la rencontre programmée en ce lieu insolite.

L’air était chaud et humide, Rawson sentait la sueur descendre dans sa nuque et baigner ses vêtements. Il ôta sa veste et dégrafa le col de sa chemise : l’heure de la confrontation approchait.

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Rencontre insolite

Ce ne fut qu’au crépuscule que Robert Rawson se présenta au lieu de rendez-vous, un bâtiment délabré que les ouvriers avaient délaissé, par manque de fonds comme c’était souvent le cas ces temps-ci.

Depuis l’abandon des travaux, les mauvaises herbes avaient pris le dessus à l’avant de la construction, ce qui aurait du être un magnifique jardin s’était transformé en terrain vague où orties et autres hautes plantes sauvages se disputaient l’espace et rendaient l’aspect de l’ensemble peu engageant. L’allée semblait particulièrement sinistre maintenant que le soir tombait.

Avec le soleil couchant derrière l’immeuble, une auréole de lumière orange conférait à la tour un caractère étrange, hostile. D’ailleurs, il n’avait pas fière allure avec sa façade décrépite, les terrasses affalées et le squelette des deux derniers étages qui ressemblaient à une bouche grande ouverte pour égratigner le ciel. Les fenêtres absentes ou brisées étaient de grands trous sombres où le regard ne pouvait pénétrer tant l’obscurité y était profonde. Au rez-de-chaussée, on ne voyait que la pente donnant sur les garages souterrains et l’orifice rectangulaire de l’entrée où la porte avait été arrachée.

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Au-delà des confins 2

15 août

Le piège avait été bien tendu. Il ne fallut pas que quelques secondes à un drone de surveillance pour repérer l’endroit où la proie pensait avoir trouvé refuge, un fugitif rayon de lune avait trahi le métal de lunettes de désidentification. Un faisceau de rayons meurtriers convergea vers l’esplanade envahie par les hautes herbes.

L’ombre tenta encore une fois d’échapper aux traits brûlants en courant étonnamment vite sur le terrain inégal, mais les tirs, guidés par une demi-douzaine de plateformes volantes, gagnaient en précision et ne tarderaient pas à atteindre la cible mouvante.

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Au-delà des confins

La lumière bleue des traits d’énergie se perdit à l’angle est de l’immeuble aux allures de prison, à proximité de l’usine désaffectée où, il y a quelques années encore, la fabrication des robots de la NAI Corporation battait son plein. Aujourd’hui se n’était plus qu’un labyrinthe de couloirs et de grands halls où s’essoufflaient les vents rageurs du désert.

Tapie dans l’ombre de son précaire refuge, une haute silhouette attendait la fin du déluge de feu, espérant pouvoir se faufiler dans le bâtiment à la faveur de l’obscurité retrouvée. Elle semblait coincée dans cette encoche de la construction, hésitant à se lancer dans l’espace découvert de la rue, les parois d’en face étaient lisses et aveugles.

Un sifflement aigu rompit le silence et les murs qui lui servaient d’abri virèrent à l’incandescent avant de fondre, laissant une large échancrure dans le béton. Lorsque la fumée se fut dispersée, la silhouette avait disparu, comme vaporisée.

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Petit poisson 13

Des doutes plein la tête, je m’élance vers la plateforme, Mike sort brusquement de sa cachette et m’attrape par la manche, il veut descendre dans le cratère. De sa cachette, il a vu une ouverture un peu plus bas, il pense pouvoir l’atteindre, je tente de le faire renoncer à cette folie, les parois me semblent trop friables.

Il entreprend la descente sans se soucier de mes conseils, descend avec l’assurance d’un éléphant en rappel. Ses prises sont maladroites, il est trop empressé, inattentif, et ce qui devait arriver se produit. Son pied glisse sur une surface fragilisée par la chaleur, sa main gauche agrippe une épine rocheuse qui se brise aussitôt, il n’arrive pas à se retenir et chute violemment le long de la paroi. Ses yeux écarquillés me lancent un message que je n’ai aucun mal à comprendre : POURQUOI ?

Je tombe à genoux, c’est insoutenable, pas lui, pas Mike, combien devront encore tomber pour que tout cela cesse… Des cris me sortent de ma torpeur, je tourne lentement la tête : là-haut, sur la corniche, deux silhouettes font des signes et appellent, je dois les rejoindre…

… Maintenant, je sais ce que ce cauchemar signifie, mais je ne peux le communiquer aux futures victimes de cette course infernale, il n’y a pas de retour en arrière. Peut-être certains le comprendront-ils d’eux-mêmes avant de mourir ou d’atteindre le terme ? Tout ce que j’espère, c’est que ceci serve, non pas d’avertissement, mais de sujet de réflexion à ceux qui liront cette histoire, venu de … du fond des âges.

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