Thikem's Blog

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Suite d’enquête

le Mai 31, 2012

La maison trois-façades est sans cachet, cube de briques beiges et châssis blancs, pas le genre de turne où je passerais mes vieux jours. Une pelouse, vert pétant et rasée de près, cerne la baraque qu’une haute haie, impeccablement taillée, tente maladroitement de dissimuler aux regards des passants. La construction rectangulaire au bout du chemin dallé doit être un garage, ‘sais pas si la victime y a rangé sa cage. Le planton s’efface pour me laisser entrer dans le hall. Coup d’œil au passage : pas de trace d’effraction sur la lourde.

Je m’imprègne un instant de l’atmosphère générale. Première impression : les lieux n’ont aucun attrait particulier. A gauche le living et la salle à manger à la déco minimaliste, devant l’escalier en bois vers les chambres, à droite la cuisine. Ca sent le propre, presque l’hosto, tout est impeccablement rangé, pas un cadre qui penche ou un objet mal placé, on se croirait dans un appartement-témoin, pas dans un espace habité.

Petit tour d’horizon du rez-de-chaussée, salle à manger, imitation empire, en bois de merisier, l’armoire du fond attire l’œil par une colonne d’étagères couvertes de boîtes à musique de tailles et origines diverses, soigneusement alignées et classées par forme – triangles au-dessus, puis carrés, autres polygones, jusqu’aux cercles en bas ; salon de cuir noir, home vidéo avec écran large, pas de photos, juste les murs décorés de trophées ou de reliques, d’un glorieux passé familial je suppose. Les portes-fenêtres donnent sur une courte terrasse dallée prolongée d’un jardin d’un are, au jugé – même haie, même pelouse. Pas de dégâts de ce côté-là. Je note machinalement qu’il y a des volets mais qu’aucun n’est baissé.

Une petite pièce sert de jonction entre le salon et la cuisine, sans doute l’endroit où il prépare ses repas, ça communique via un trou dans le mur mitoyen, une sorte de passe-plat rudimentaire. La table, nappe en plastique rouge et chaises design du même coloris, est préparée pour le petit déjeuner : une assiette, une serviette, un bol et un couteau sont empilés avec un sens parfait de l’équilibre, et, sur l’extrémité proche de la fenêtre, en file indienne, il y a un pot de lait, une sucrière, un pot de confiture et une barquette de minarine. Intrigante, cette disposition ! Vu d’en haut, on pense à un d minuscule.


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